dimanche 27 janvier 2013

Wonderful (David Calvo)

Comme le dit si bien le proverbe, "Il n'y a que le premier pas qui coute".

Lançons-nous donc joyeusement dans les récits les plus improbables, et commençons directement avec du lourd, du très lourd.


Résumé en trois mots : Lune, Rêve et Fin du monde
Wonderful, de David Calvo, un roman qui sent très fort les rêves et le fantastique.

Pour commencer de façon simple, je vous pose une simple question : Avez-vous lu Neverwhere ? Si oui, l'avez-vous aimé ? Si oui, alors ce roman est fait pour vous.

Sorti en 2001, Wonderful est un roman curieux et dérangé. A la fois fouillis incroyable et pourtant organisation au poil, délire et réalité mélangé, il est totalement inclassable. A l'image de l'auteur d'ailleurs, sur lequel très peu d'informations transparaissent. Je tiens tout de même à signaler que sa biographie sur Amazon varie selon les livres; et se trouve résumé sur l'un à "David Calvo a trente ans. Expert en chute libre, il ne vit plus nulle part." (ceux qui en doutent, cliquez !). Le peu d'informations qu'on obtient en croisant les sources permettent de dire que c'est un homme, qu'il est né dans les années 70 (et qu'il aurait par conséquent environ quarante ans actuellement), à Marseille ou à Los Angeles. Il écrit beaucoup avec Fabrice Colin apparemment, aurait peut-être des enfants ou peut-être pas, et des gouts très éclectiques (surtout en musique, mais nous y reviendrons).
Le peu d'informations que l'on trouve sur lui ont même données lieu à des explications tout à fait sensées telles que "David Calvo n'existe pas". En résumé, vous aurez compris que l'on ne sait pas très bien qui est l'auteur, et que l'aura de mystère autour de sa personnalité joue en sa faveur. D'ailleurs j'aimerais beaucoup le croiser en dédicace, ce type doit en valoir la peine je pense. Mais ce n'est là que mon avis (que je partage d'ailleurs).


Bref, vous avez compris, le lascar est rude gaillard, et nous allons devoir batailler ferme pour nous en sortir. Je vous alarme tout de suite, vous n'êtes pas au bout de vos peines. Le roman dépasse encore son auteur, et de très loin d'ailleurs.

Car Wonderful, c'est encore pire que tout. Imaginez votre réaction si je vous dis ceci : La lune va s'écraser sur la Terre, un film est recherché dans un Londres où des gens se croient à l'époque Victorienne et d'autres se prennent pour le marchand de sable, avec une radio Blue FM en fond sonore, une symphonie de planètes et Newton. Il y aurait alors fort à parier que vous me preniez pour un demeuré complet qui à assemblé des idées éparses n'ayant somme toute aucun rapport. Ce qui d'ailleurs n'est pas loin du compte. Car en fait, nous sommes devant un livre qui est très proche d'une décharge d'idées. Vous allez en avoir en vrac pendant un long moment, et c'est très dur de trouver la cohérence au premier coup d’œil. Le meilleur moyen pour arriver à contourner ce genre de problèmes, c'est tout simplement de lâcher prise. On ne se pose pas de questions, et on se laisse emporter par la folie de l'écrivain.

Enfin, folie .... Génie peut-être. Le synopsis est à la base tellement dingue qu'il tient autant du génie :
L'histoire va se dérouler uniquement dans la ville de Londres. Londres qui à pété un boulon d'ailleurs. En même temps il y a de quoi : c'est la fin du monde. Mais pas une de celle que l'on peut contrer. Non, ici, c'est la fin totale : la Lune se fragmente, elle meurt, et d'ici peu s'écrasera sur la Terre en détruisant tout. C'est la fin. This is the end auraient dit les Doors.
Et pourtant, les gens vivent encore en attendant la mort. Le docteur Loom notamment s'obstine à soigner des patients dans sa clinique. Mais il est confronté à plusieurs soucis : sa femme est dépressive (remarquez, ça se comprend) et des patients disparaissent mystérieusement. Et puis il y a un film, très convoité, qui attire des gens. Beaucoup de gens, et pas seulement des curieux.

J'ai essayé ici de résumer au maximum sans trop en dévoiler (car on en dévoile très vite trop). Le roman est très hallucinant, comme une sorte de rêve éveillé, avec des passages superbes, mais d'autres également angoissants. Je dirais que le roman est très onirique. On navigue dans des idées folles en permanence, mais si on se pose trop de questions, si on s'attarde, on est perdu. Car de l'imagination serait à revendre ici. Londres est totalement chamboulé, et des idées de génies prennent forme. On reconnait énormément de clin d’œil également, et beaucoup de parallèles peuvent être fait. Le plus gros (je pense) est celui avec Neverwhere, de Neil Gaiman (une chronique bientôt, promis), avec l'idée d'un Londres complètement différent; mais aussi dans certains personnages (notamment les deux détectives Floatsam et Jetsam qui ressemblent par certains côtés à Croup & Vandemar, tout en étant très différent). Pour autant, je ne pense pas qu'il s'agisse de littérature bis. C'est une œuvre pleine et entière, avec son propre monde.

Monde d'ailleurs qui mélange tout, tout en contenant beaucoup de poésie. En fait, au fur et à mesure de la lecture, on est happé par les mots, l'orchestration parfaite des chapitres (et des situations), par la tragédie sublime qu'on nous joue. Pour reprendre les mots d'une autre critique : "Jamais fin du monde n'aura été aussi belle". Les larmes et le rire se mêlent en permanence, pour notre plus grand bonheur.

Et au final, le rideau tombe gracieusement, sans faire mal. La fin est attendue, mais elle reste belle, superbe. En fermant le livre, j'avais une curieuse sensation, comme si le récit m'avait touché un point sensible, un de ceux que je ne connaissais pas mais que j'ai eu beaucoup de plaisir à sentir chatouillé. La relecture de ce livre me plonge d'ailleurs à chaque fois dans cette sensation, que je considère comme unique, et en même temps tellement belle.

Cependant, le récit n'est pas seulement sur papier. L'auteur s'amuse dans le livre à disséminer des pistes de musiques (de manière très subtile d'ailleurs). Lorsque vous prenez la peine de les écouter à la suite, vous constaterez qu'il vous donne une véritable playlist en plus de l'ouvrage, dans le ton du récit et soulignant les passages, contenant de véritables perles d'ailleurs (et pour la plupart je ne connaissais pas). Je vous laisse le plaisir de l'écouter par vous même (elle est disponible ici). C'est le genre de petit détail qui vous fait d'autant plus apprécier une œuvre.

En résumé, une œuvre très onirique, mélangeant des styles très divers, allant un peu dans toutes les directions, mais restant tout de même autour d'un même axe, elle saura combler les fans de lectures un peu en dehors des genres. Onirique et émotionnellement chargée, voir belle également, c'est une lecture qui procure des sensations, a ne pas faire juste pour se divertir et passer du temps. Elle ne laisse pas indifférent. A conseiller à tout les fans de Neverwhere de Neil Gaiman, mais aussi aux autres. 

(Chronique n°1)

2 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé ton article. La biographie est géniale :))). J'ai adoré Wonderful aussi !

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  2. Merci beaucoup ! J'ai hate de lire Delius, songe d'une nuit d'été du même auteur

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