lundi 1 avril 2013

Gunnm (Yukito Kishiro)


Là, je vais taper dans le haut du pavé dans le rayon des mangas. C'est un vieux manga, du genre la préhistoire du manga, avant qu'on dépasse 95 et que le manga explose dans les ventes en France. C'est encore la vieille école de manga, et un manga qui a connu une histoire très particulière. Le genre de classique de la science-fiction, les bons vieux classiques quoi. C'est également un monstre du dessin que celui-ci. Dans le genre, le dessinateur est un monstre. Et en plus, l'histoire du livre est extraordinaire. Alors vous êtes prêt ? C'est parti pour ce manga culte, Gunnm de Yukito Kishiro !


Résumé en trois mots : Cyborg, Conscience et Science-fiction

En fait, la série à connue plusieurs soucis, notamment le fait que l'auteur ait fait un arrêt cardiaque durant l'écriture de la série qui conduisit à devoir changer la fin pour éviter de laisser la série en suspense et ne pas pouvoir avoir la fin. Du coup le scénario s'en ressent. Entre autre, l'auteur a écrit par la suite une nouvelle fin, qui en fait est devenue une nouvelle série qui compte actuellement quinze tomes (pour neuf dans la série originale) et qui est ... euh .... merdique en comparaison dirons-nous. Mais je deviendrais médisant, et ce n'est pas le but de la roulotte, au vu de quoi je vais me limiter à cette série dont le neuvième tome est une conclusion "hâtive" de l'ensemble donc.

Déjà, le premier gros point de la série, c'est son dessin. Dire qu'il est sublime est un euphémisme. Il est génialement fait, d'une dynamique incroyable, tout en finesse. Les portraits sont super, l'ambiance est noire et cyber-punk, une ambiance propre au récit, avec une touche très grosse de fantastique également. Les expressions gestuelles, les poses, les décors, les vêtements, les têtes, tout est superbement bien fait et dans un style résolument adulte. En plus de ça, il n'y a quasiment pas d'expression typée manga (genre les expressions Kawai et tout le tralala). Du coup, la lecture semble vraiment plus tournée adulte que adolescent, même si on a des belles petites pointes d'humour dedans. Mais j'y reviendrais. En tout cas, le dessin c'est vraiment superbe, je vous recommande de le lire rien que pour ça (admirez les quelques images que j'ai pioché). Le seul détail qui fait tiquer c'est qu'ils ont inversés les pages pour l'édition française et ne pas troubler le lectorat. Du coup tout est inversé.
L’héroïne, Gally. Et c'est un robot
les gars, ne fantasmez pas trop !

Ensuite, l'ambiance est très clairement noire, même si dans le manga certains passages sont un peu plus léger et humoristique. Dans l'ensemble, c'est surtout un bon manga de science-fiction bien noire avec des thèmes plutôt adultes, notamment autour de l'âme des gens, des relations avec leurs corps et tant et plus. Le fait que les personnages n'aient pour la plupart plus un corps entièrement humain (sauf Ido au début) permet de faire un parallèle intéressant avec notamment l'idée qu'on n'est plus humain sans ce corps de naissance. Gally même se pose des questions sur sa nature, elle qui n'est qu'un cerveau amnésique dans un corps modulable. Tout repères sont perdus pour elle.
Et bien évidemment, l'idée de la cité haute pour nantis et la cité basse pour les pauvres (qui ressemble d'ailleurs beaucoup à Métropolis de Fritz Lang, le film de 1933) est assez révélateur également. Une belle mise en scène des classes sociales. Et également d'un clivage du monde, entre paradis fantasmé et enfer réel. Car Zalem est le paradis attendu pour tout le monde, mais est-ce la réalité ? La décharge est un endroit fermé, qui ne fait que produire pour la ville haute, peuplé de gens mal intentionnés, de quartiers sordides et mal famés, des cyborgs à profusion, des bornes (agents de Zalem qui ne sont que robotiques et ont chacun une bouche différente). Et puis toute la violence de ces lieux, l'absence de nature, d'arbre ou de verdure .... (et ce jusqu'au bout de la série quasiment), l'absence d'oiseau, presque pas d'animaux naturels (des artificiels existent également). L'homme s'est coupé de la nature et vit seule avec la machine. Les petits détails dans ce genre abondent (notamment autour du caractères des personnages et la nature de leurs corps).

En sus, nous avons des personnages très intéressants, bien que la mort frappe assez fortement dans ce manga. Outre le personnage principal qui est juste extraordinaire, les autres ne sont pas en reste. Ido, docteur en robotique et médecin, Yugo, Vector même, et tout les personnages sombres et méchants, mais qui finalement ne le sont pas sans raisons .... Le passage dans le motorball est d'ailleurs assez impressionnant avec l'apparition de Jashungan. On aura également une jeune qui arrivera, avec tout le caractère têtu et déterminé qui la caractérise, ainsi que Kaos, Den, et tout les autres.
Le manga lui même est découpé en plusieurs arcs narratifs. D'abord avec le début, les explications du monde et la présentation des personnages, puis un passage au Motorball du tome 2 jusqu'au tome 5 environ. Là nouveau passage dans la décharge avec d'autres péripéties, et ensuite le "grand arc" narratif, sur les traces de Desty Nova. Ce personnage est un des meilleurs du manga, bien qu'arrivant assez tardivement, mais il est extraordinaire. Mélange de savant fou, de psychiatre et de génie de l'âme humaine, il est tout sauf un méchant classique. L'évolution des personnage est également géniale, avec des changements radicaux dans leurs façon d'agir, de penser etc ... Gally change radicalement de caractère entre le début et la fin, et progressivement s'en forge un nouveau. D'une coquille vide, elle se remplie au fur et à mesure, dans une évolution qu'on ne remarque pas vraiment.

Et la fin précipitée, qu'on note assez fortement, est tout de même extrêmement bien réussie. Elle conclue le tout d'une belle manière, sans que le manga ne se disperse. On remarque que le mangaka à dû faire un peu resserré, et cela se ressent dans plusieurs points, notamment la rapidité de l'action et dans le comportement de Desty Nova qui est un peu surjouée dirait-on. Mais ce sont des détails en comparaison de ce que le manga à proposé depuis le début et propose encore. On ne peut lutter contre une crise cardiaque, et l'auteur à eu la décence de nous proposer une fin correcte, qui conclue au moins la série. La suite proposée parce que l'auteur à récupéré part dans d'autres délires spatiaux qui à mon avis s'éloignent complètement de la trame et l'esprit de base. L'auteur l'a faite plus tard, et à changé entre temps. Il faut parfois savoir laisser les séries là où on les avait laissées, avec leurs défauts et tout, sans essayer de les changer.

Gunnm, c'est un manga de référence en science-fiction. Autant sur les thèmes abordés que sur le dessin et l'ambiance, il reste un des must en bande-dessinée de science-fiction, bien qu'il ne fut pas fini comme le voulait l'auteur à la base, mais il est à mon avis bien complet comme il est. Vous aurez compris en lisant mon avis que j'aime beaucoup ce manga, et je pense vraiment que son âge n'empêche pas sa grandeur d'être toujours la même. Il vaut le coup sur bien des points, rien qu'au nombre de tomes (9) qui est parfait pour l'achat, évitant qu'on ne se ruine pour la série, et elle possède l'énorme avantage d'être finie définitivement (sauf si vous jetez un œil sur Gunnm Last Order ....). C'est simplement un manga de référence, dans son genre et dans les mangas en général. Un ton adulte, un dessin mature, un scénario de même, des questions bien posées et bien trouvées ... Ce manga à tout pour plaire. Achetez le !

Pour l'histoire, un dérivé en a été fait, Gunnm Over storys qui reprend des petites histoires dans l'univers de Gunnm sans avoir une grande trame et sans importance pour l'arc principal. Je vais essayer de me le procurer un jour, et je vous en reparlerais.

(Chronique n°35)

1 commentaire:

  1. très bon article décrivant parfaitement l'univers de ce manga que j'affectionne depuis que je l'ai découvert ya plus de 10 ans, bravo!

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