mercredi 20 mars 2013

La part de l'autre (Eric-Emmanuel Schmitt)


Là, je dois dire que j'ai été impressionné. Vraiment. Vous avez déjà lu sans doute ce genre d’œuvre, qui vous laisse ensuite rempli de questions, qui vous rempli encore la tête pendant un long moment après ? Et bien là, c'est typiquement ce genre d’œuvre. A la fois belle et prenante, elle est également très philosophique et nous laisse bien en suspens. Une réflexion énorme en découle, et je crois bien qu'il peut également beaucoup choquer. C'est le genre de livre qui me plait énormément, vous l'aurez bien compris.
Ce livre, j'ai eu vraiment de la chance de le lire, c'est une amie qui me l'a passé en me disant qu'il était bien, et effectivement il est très très bien. Même excellent, je dois dire. Ce livre, c'est La part de l'autre de Eric-Emmanuel Schmitt.


Résumé en trois mots : Hitler, Vies et Dystopie

Je ne vais pas en dire beaucoup sur ce livre. Déjà parce que je l'ai adoré et qu'en parler serait difficile. Ensuite parce qu'il est beaucoup plus simple pour vous de l'acheter et de le lire. En fait, il y a tout dans le livre.

Le résumé est simple : EES (l'auteur), part d'un fait simple. Supposons que un certain A. Hitler parvienne à passer le concours des Beaux-Arts à Vienne en 1908. Que devient-il alors ? Nous allons le découvrir en visionnant, dans une mise en scène extraordinaire, les vies parallèles d'Adolphe Hitler. Dans un cas, au fur et à mesure du temps qui passe, un Hitler (malheureusement) bien connu apparait. Dans un autre cas, un certain Adolphe H. continue dans la peinture, s'ouvre à la vie et connait joies et peines bien différentes de son autre vie. Le monde s'en trouve changé.

De ce résumé à moitié uchronie (vous savez, le principe de changer un fait du passé pour construire un présent différent) nous allons explorer la part de l'autre, un nom décidément très bien choisi encore une fois, avec tout les bons et les mauvais côtés des personnes.
Avant de continuer, je dois dire que j'ai adoré le postulat de base et la réflexion qui est faite autour. Hitler n'est pas né Hitler, il l'est devenu. Et pour cela, il a connu bien des choses.

Important ! Avant d'être bombardé de propos du genre "Raciste, néonazis" et tout le tintouin, merci de comprendre ce que je veux dire ! Je n'approuve pas Hitler, je ne le considère pas comme un mec bien, je ne cherche pas à l'excuser. Je cherche à comprendre. Ce n'est pas pareil (les mots ont été empruntés à Eric-Emmanuel Schmitt).

Donc, nous allons voir de quelle manière un Autrichien qui erre dans les rues d'une ville peut osciller entre le connard de l'histoire ou le peintre surréaliste au succès modeste. Et comment finalement un être ne peut pas être réduit à son plus simple appareil. C'est ce que j'aime dans ce livre. Il remet en cause cette idée stupide d'un Hitler démon de l'enfer, d'un personnage qui ne serait que le mal incarné. C'est faux. C'était un être humain, tout ce qu'il y a de plus haïssable, mais un être humain. C'était une part d'humanité, une part que nous avons tous en chacun de nous. Et là encore, j'ai adoré le fait qu'il ne fasse pas peser une culpabilité. Personne n'a a se reprocher sa mauvaise part, nous l'avons tous, mais il faut y faire attention.

Tout l'intérêt du livre va être donné lorsque nous pouvons nous identifier à Hitler. A ce Adolf H., jeune homme qui est, sous bien des atours, charmant. Un homme qui apprend à connaitre les femmes, qui doit apprendre également à composer avec son œuvre, qui se découvre, et surtout qui nous aide à comprendre. A comprendre ce que nous sommes tous, ce que nous pouvons devenir.

L'ouvrage est en plus complété d'une superbe façon : un cahier présentant le "Journal de La part de l'autre", une façon superbe de conclure le récit, et qui à mon avis donne toute les clés de compréhension du récit.

Ce récit, c'est avant tout de la philosophie. Illustrer la théorie du chaos, c'est une excellente chose. Mais là, c'est du génie ! La façon de faire est admirable, le rendu est parfait ! Tout est savamment orchestré, les personnages sont attachants au possible (Adolf H. est attachant, et surtout Onze-heures-trente dont on tomberait amoureux). Et puis lorsqu'on le repose, l'esprit est en ébullition. Autant que pour un Farenheit 451. J'ai été pensif un long moment encore après ça. C'est le signe évident que ça m'a plu. Il ne faut pas grand chose.

En conclusion, pour ne pas étaler des éloges durant dix pages, je dirais que ce livre est superbe. Sublime, merveilleux. Une histoire magistrale, un principe de base superbement bien exploité et mis en scène de façon très réaliste. Des personnages attachants aux possible (oui, je le répète, avec Adolf Hitler il a crée des personnages attachants), des situations qui donnent à réfléchir. Une mise en parallèle excellente. Une postface idéale pour comprendre encore mieux l'ouvrage et l'écriture. Tout est bon là-dedans. C'est de la philosophie, mais de la haute philosophie. Une belle œuvre, pour laquelle je ne remercierais jamais assez Laura. Merci encore de me l'avoir fait découvrir ! Et vous, foncez l'acheter. Tout de suite !

(Chronique n°27)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire