mardi 28 mai 2013

L'institution (Binet)


J'ai dernièrement prêté plusieurs BD à des amies, et j'ai remué le tas qui traine dans la chambre, tombant sur plein de volumes que j'avais délaissés et qui méritaient bien une petite chronique dans la roulotte. Alors commençons avec un petit ouvrage d'humour (en ce moment c'est le temps idéal pour rire) mais qui en même temps peut avoir des côtés touchant, et qu'on lit avec un grand plaisir et le sourire au lèvres en pensant que cette BD, c'est le début d'un des grands dessinateurs de la bande-dessinée française : Binet, et son Institution.




Binet, c'est le genre d'auteur qu'on connait sans le savoir. En effet, c'est le génial inventeur de la famille de beauf crétin et gros typique, caricature de la France profonde (et profondément stupide) : les Bidochons. Si vous ne connaissez que de nom, je vous invite à lire cette BD qui est juste excellente tant elle représente la stupidité et la connerie d'un couple à l'état pure. C'est presque incroyable aussi quand on croise des Bidochons dans la vraie vie, ce qui arrive d'ailleurs plus souvent qu'on ne le pense (et je vise surtout les vacances là dedans). Enfin bref, cet auteur qui a participé pendant très longtemps (et participe encore il me semble) à Hara-Kiri, est un véritable caricaturiste, croquant avec mordant la société et ce qui l'entoure.

Mais Binet s'est aussi penché sur sa propre vie, et revient sur ses années de jeunesse avec cet album, dans lequel il parle de l'école dans laquelle il fut envoyé par ses parents. Un institut religieux dirigé par des abbés, dans lequel les enfants vivent toute la semaine, et dans lequel ils reçoivent un enseignement moral, religieux, et également scolaire. Et bien évidemment, tout n'est pas rose dans ce genre de maisons.
Binet à découpé l'ensemble du livre en petit chapitre, quasiment tous drôle (je crois qu'il y en a un ou deux dans lequel on ne peut pas vraiment rire, le propos étant plus émouvant et sérieux). Et quand je dis drôle, c'est vraiment drôle. On se marre, de Binet, de ses camarades, de ses profs, des situations, et même des autres institut, dans lesquels on a aussi des personnages hauts en couleur.

Pour le dessin, je ne dirais pas grand chose, sachant que Binet à un trait bien particulier, qui est au choix, on aime ou on aime pas. Personnellement je pense qu'il est bon, permettant largement de comprendre ce que l'auteur veut transmettre, et les personnages sont très reconnaissable, quoique les gamins aient un peu les même têtes si on ne remarque pas les détails. Cela dit, ce n'est vraiment pas très intéressant de les différencier, tous sont des gamins qui aiment rigoler, s'amuser, et qui aiment aussi emmerder les profs, mais savent leurs faire plaisir, ont leur petits tracas.
Binet fait d'ailleurs le tour des tracas des enfants, de l'amour jusqu'au spectacle de fin d'année, avec des profs qui peuvent être sympa malgré qu'ils soient des curés, des profs qui sont justes mauvais et d'autres bon. Et le tout est servi par un humour qui est juste des plus délectable, Binet faisant mouche à chaque coup. On ne peut que admirer cette profusion de gags, qui vont vous faire marrer jusqu'au bout. Le tout suivant l'année, avec des souvenirs épars qui vont se mettre bout à bout, jusqu'à la fin de l'année. L'ensemble est caustique à souhait, et on comprend que Binet n'aime pas beaucoup la gente catholique.


En résumé, cette BD est un excellent exemple de BD humoristique, caustique à souhait et prenant comme base le passé de Binet, avec une excellente représentation de l'univers de ces instituts religieux de l'après-guerre. Le tout est très bien mis en scène, avec plusieurs passages peu glorieux pour un Binet se mettant en scène. Ce n'est pas une histoire construite et complète, mais des souvenirs épars de ce qu'on conserve de sa vie d'enfant. Et celle-ci fut assez remplie, vraiment incroyablement drôle. Binet sait croquer les gens, et dans le genre je pense que c'est une des BD qu'il faut lire.

(Chronique n°49)

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