lundi 16 septembre 2013

Des choses fragiles. Nouvelles et merveilles (Neil Gaiman)


Vous aurez compris, je pense, en lisant ma chronique sur Neverwhere ou encore sur American God que j'ai aimé ce que j'ai lu pour l'instant de Gaiman, et que j'étais en attente d'un futur livre de sa part. Celui-ci n'est pas tardé à arriver, en suivant les excellents conseils de Nevertwhere (allez y jeter un coup d'oeil, c'est un blog très sympa à suivre) j'ai pris le tome de Gaiman qui comprenait plusieurs nouvelles. D'ailleurs, si vous voulez lire sa critique sur Des choses fragiles, c'est par là : clic-clic. Et j'ai dévoré ce tome durant la période de révisions des partiels, au rythme très calme de une chaque soir pour me purger le cerveau. Je pense que ça m'a pas mal aidé mine de rien. On se change l'esprit chaque soir ...
Enfin bref, trêve de bavardage inutile. Voyons un peu ce que ce tome a à nous proposer. Sans plus attendre, la chronique détaillée de Des choses fragiles !


Résumé en trois mots : Nouvelles, Fantastiques et Contes

Ce que j'adore avec les livres contenant des nouvelles, c'est que plusieurs auteurs (Stephen King entre autres) ajoutent une introduction/postface qui explique les nouvelles, leurs origines, les moments, les idées qu'elles contiennent. Parfois c'est trois lignes, parfois c'est deux pages. Ce que je trouve génial, c'est qu'on pousse un peu plus loin ce qu'on a déjà lu ou ce qu'on va lire, et la nouvelle prend un nouvel aspect. Dans cette optique, il faut avouer que c'est souvent après lecture que c'est intéressant, sauf dans de rares cas. Et dans tout les cas, c'est une façon de percevoir l'auteur derrière l’œuvre. Si vous êtes adepte d'un auteur en particulier, vous adorerez cette pratique, dont je raffole. C'est souvent aussi intéressant que l'ouvrage.
Si je précise cela, c'est parce que avant même que vous ne commenciez à lire le recueil, vous aurez 27 pages dans lesquels Gaiman vous expliquera ce qui a conduit à chaque nouvelle, ou bien simplement quelques petites anecdotes autour de l’œuvre. Au final, c'est super intéressant, autant dans l'idée qu'on se fait de la nouvelle que dans les dimensions qu'elles peuvent prendre.
Alors je précise également que ce recueil est à mon avis plus sympathique si on a déjà lu Américan Gods, mais que avoir quelques connaissances en Gaiman est toujours pratique. Sinon, je pense qu'on perd un peu à la lecture.

Ceci dit, que nous propose l'ouvrage ? Rien de moins que 31 récits, allant d'une nouvelle longue à un poème d'une page. C'est donc une sorte de fourre-tout hétéroclite qui vous attends, avec pas moins de 460 pages, plus une interview en post-face qui est aussi intéressante que le reste (je suis assez fan de ces petits ajouts sur un auteur que j'aime particulièrement). Pour éviter de faire un avis trop long, je commenterais juste ceux qui m'ont particulièrement marqués dans le récit (et il sont nombreux).

Le premier récit, Une étude en vert est juste excellent. Il mélange le monde de Conan Doyle (Sherlock Holmes) et H.P. Lovecraft dans un récit où se mêlent grands anciens, fantastiques et enquêtes par un détective surdoué. Je dois dire que j'ai été bluffé par la performance, dans laquelle j'ai retrouvé l'esprit des deux auteurs d'une manière remarquable. La nouvelle est une superbe introduction au recueil d'ailleurs.

Les nouvelles L'heure de fermeture et Amères moutures sont dans un style très personnel à Gaiman, dans lequel j'ai retrouvé des accents et des échos à Américan Gods ou Neverwhere, avec des passages plein de mystères non expliqués, des secrets et des histoires qu'on se raconte les uns aux autres. Gaiman semble beaucoup aimer raconter des histoires je crois. En tout cas il le fait très bien. Dans ces deux nouvelles nous allons explorer des faces cachées, des personnages qui disparaissent et des personnes qui racontent des histoires. Les deux sont prenantes (mais j'ai une petite préférence pour Amères moutures).

Souvenirs et trésors est une nouvelle intéressante mettant en scène un duo que l'on retrouvera dans une autre, et qui est vraiment intéressant. Les duo, c'est quelque chose d'efficace dans les romans de Gaiman, semblerait-il, et il en fait très bon usage ici. La nouvelle prend un cadre particulier, et j'ai bien aimé le traitement de l'histoire.

La vérité sur le cas du départ de Mlle Finch m'a presque fait rigoler, oscillant entre le fantastique et l'angoissant, avec à côté une chronique sociale ordinaire. je dois dire que c'est sans doute la nouvelle la plus proche de Neverwhere par son côté souterrain et, encore une fois, très mystérieux.

La Saint-Valentin d'Arlequin a un petit côté sympathique, et si elle n'est pas la plus notable du recueil, je dois dire que j'ai beaucoup aimé. Elle tempère avec l'ambiance des autres récits.
Qu'est-ce que tu crois que ça me fait est aussi très intéressant, avec un côté sexuel assez prononcé (et un peu sidérant par rapport au reste), mais formant une drôle d'histoire d'amour.

Nourrir et manger est très proche d'un récit qu'aurait écrit un Stephen King, et m'a d'ailleurs fait penser à une nouvelle de celui-ci (Le raccourci de Mme Todd dans le recueil Brume), avec un homme rencontrant un autre qui lui explique une histoire incroyable à propos d'une femme. Je n'en dirais pas plus, mais l'angle choisit est très bon encore une fois.

Goliath est un récit qui ressemble énormément à Matrix (le film), mais traité d'une toute autre manière. Je n'en dis pas plus encore une fois, je vous laisse le savourer, il est très bon. Et la fin est juste excellente, parfaite.

Comment parler aux filles pendant les fêtes, qui nous donne un récit au cœur d'une fiesta dans une maison (un peu comme dans Américan Pie), mais avec une touche d'extra-terrestre très peu conventionnel. Encore une fois, on retrouve l'angle d'attaque de Gaiman, qui sait surprendre et qui nous amène là où l'on ne s'y attend pas.

L'oiseau-soleil, un récit intéressant mais dont j'ai senti venir la fin avant qu'elle ne vienne. Ca gâche un peu le tout, dommage.

Le monarque de la vallée, dans lequel nous retrouvons Ombre (d'Américan Gods), cette fois-ci en Angleterre, pour une réception très spéciale. C'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé ce personnage et ce monde, pour une nouvelle assez longue d'ailleurs, faisant près de 70 pages tout de même.


Dans l'ensemble, on retrouve très nettement la patte de Gaiman, son style d'écriture très prenant et ses idées remarquables de mondes et d'histoires. Je dois dire que je suis très content d'avoir pu lire ce recueil, et il m'a semblé que Gaiman s'en sort mieux avec les récits courts, offrant des histoires plus construites et plus surprenante. Peut-être qu'il vaut mieux pour lui les récits courts et percutant ? En tout cas il sait mettre dans très peu de pages une ambiance convaincante. Je n'ai pas parlé des récits en poèmes, qui sont très sympathiques à lire, souvent à l'oral d'ailleurs (la poésie se lit mieux à l'oral je pense) mais pour lesquels je regrette un peu la traduction en français. L'idéal aurait été de laisser l'original en français et de mettre la traduction. Mais je chipote, le tout est très bon comme cela.


Pour résumer brièvement, ce recueil de nouvelles est un très bon cru dans la cuvée Gaiman, contenant beaucoup de textes intéressant, avec plus d'un qui vous tiendra en haleine sans que vous puissiez arrêter jusqu'à avoir fini. L'enchainement des textes courts est parfait, on peut lire à petite quantité sans le moindre souci. Je dois dire que l'ambiance des textes ressort parfaitement, les nouvelles sont presque toutes très efficaces ... Non, je n'ai pas grand chose à reprocher à ce livre, qui est pour moi une nouvelle preuve du talent de Gaiman. Je continue dans peu de temps avec Stardust. A lire ! (surtout si vous avez aimé les autres).

(Chronique n°67)

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