mercredi 20 novembre 2013

Midnight Express (Billy Hayes)


Ce livre, je l'ai lu sur un coup de tête. J'écrivais une lettre pour un ami et je me suis laissé tenter à le commencer. J'ai arrêté à la page 50 et j'ai continué quand j'ai fini la lettre puis je l'ai conclu le lendemain, sans m'arrêter ou presque. La preuve s'il en faut que le roman est pas mal prenant. Mais pourquoi donc, me demanderez-vous ? Et bien ....


Résumé en trois mots : Jeunesse, prison et carcéral

Ce livre est assez indissociable du film qui en fut tiré, film par ailleurs excellent il faut bien l'avouer, et de l'excellente bande-originale qu'on en a tiré. Mais je vais essayer de ne pas trop en parler car il s'agit là de deux choses vraiment différentes, bien que le film soit tiré du livre et encadré par l'auteur. Selon moi chacun obéit à une force différente. En effet, si le film nous présente le combat acharné d'un homme à reconquérir sa liberté et à survivre aux geôles turques, le livre est à mon avis plus écrit comme une autobiographie (ce qu'il est d'ailleurs) et comme une vision de sa vie par l'auteur. Le livre ne vise pas un grand thème d'écriture, juste raconter ce qu'il s'est passé. C'est ce qui fait sa force, tandis que la force du film vient de cette représentation de la lutte d'un homme contre la prison.

Ce que j'ai adoré, et ce qui fait à mon avis la grande force du livre, c'est que outre qu'il soit vrai, le livre fut écrit rapidement après sa sortie de prison. C'est d'une grande force, puisque tout est encore bien présent dans son esprit et qu'il est à ce moment là encore dans un certain état d'esprit, au niveau des réflexions sur le gouvernement turc ou ses habitants, qu'on peut qualifier de raciste.
Mais ce que j'ai encore plus apprécié, c'est que le récit se permet justement ce genre de considération et ne tombe pas dans une réflexion plus tardive. Il en s'amende pas, ne revient pas sur lui-même. C'est juste ce qu'il a vécu, "dans le vif", et du coup c'est plus puissant. Le livre mérite d'avoir un point de vue interne très fort, une parole qui retentit car elle est le reflet de la pensée. Si le livre avait été écrit plus tardivement, il aurait perdu cette hargne qu'il possède bien marquée. De ce fait, le style est prenant.

En contrepartie, il faut faire soi-même la part des choses dans ce qui est dit, notamment l'attitude très franchement marquée du narrateur contre les turques au sein de la prison (et aussi en dehors), et essayer parfois de lire entre les lignes pour comprendre la réalité. De toute façon, il faut essayer ensuite de prendre du recul par rapport au récit pour appréhender d'une meilleure façon les conditions des détenus. Mais en tant que tel, le récit nous permet de bien comprendre de quelle manière cette détention a été perçue par le personnage principal, et c'est bien ça qui compte, cette envie de vivre quand on est enfermé pour une faute que l'on regrette rapidement.

Un récit bien prenant et complètement introspectif, qui explore tout le tourment d'un homme enfermé loin de chez lui et qui ne cherche qu'a sortir de là, les déboires et les violences dont il sera à la fois témoin et victime et toute sa volonté et sa hargne pour en réchapper, ainsi que cette joie immense lorsqu'il y parviendra. C'est un récit poignant, qui n'est pas à lire pour s'informer mais pour ressentir. En fait, c'est un roman brillant, et une belle autobiographie écrite sur le vif. Je recommande la lecture, qui se fait en bon complément du film.

(Chronique n°96)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire