dimanche 26 janvier 2014

Lune noire (John Steinbeck)

(lu le 9 janvier 2014)

On m'a prêté ce livre il y a maintenant un petit moment, et je l'ai lu dans la foulée du Survivant de Palahniuck, parce que j'avais un peu de temps et qu'il est vraiment court pour un Steinbeck. J'avoue que je l'ai dévoré sans même m'en rendre compte, et que j'ai beaucoup aimé cette petite histoire qui a beaucoup de choses à dire.


Résumé en trois mots : Résistance, Idéalisme et Peur

Ce livre se construit d'une curieuse façon, en le lisant j'ai remarqué qu'il est bâti exactement sur le modèle d'une pièce de théâtre. C'est une unité de lieu ou presque (un changement de décor) et quelques acteurs suffiraient à faire tout le livre, qui est vraiment court (un peu plus d'une centaine de pages). Et bien évidemment, ce ne sont presque que des dialogues entrecoupés de peu de textes faisant office de didascalies. Et l'ensemble se dévore en un rien de temps.

Je connaissais déjà de Steinbeck ses 3 "gros" livres : A l'est d'Eden, Les raisins de la colère et Des souris et des hommes mais j'ai eu un grand plaisir à relire cet auteur à la plume acerbe et critique. Cette fois-ci il écrit pendant la Seconde Guerre Mondiale sur celle-ci, et plus exactement sur la notion de résistance. C'est assez intéressant la façon dont il procède, puisqu'il ne fait pas de clivage rapide nazi = méchant et population = gentil. Ici, tout le monde peut être sympathique comme peut être noir, même les colabo semblent démunis et un peu à côté de la plaque, mais tous sont intéressant. L'idée n'est pas tellement de fustiger les nazis que d'expliquer et développer un propos sur l'occupation et la résistance. En ce sens, tout le monde est dans le même bateau, dans ce village cerné et isolé, qui devient progressivement une antre de la folie. Les occupants sont victimes et se savent haïs, les résistants sont près à tout les sacrifices pour recouvrir leurs libertés. C'est un tableau tout en nuance qui nous est présenté. Il ne s'agit pas de critique d'un régime, juste un pamphlet sur la résistance, ses limites et son idéalisme, sa façon de procéder et ses conséquences. Finalement, tous restent avant tout des hommes, faibles et fragiles, qui ne demandaient pas ça. Ils obéissent aux ordres ou à leurs idées, mais finalement chacun est victime dans ce grand jeu. C'est bête, mais c'est la réalité.

Une lecture très intéressante sur la façon de résister et tout ce que cela comporte, sur l'humain et sur la portée de nos idées. C'est une lecture très intéressante que je ne peux que vous recommander, elle vaut largement le coup. Steinbeck campe une situation qui nous interpelle, qui nous pousse à réfléchir jusqu'au bout, et au final les questions vous restent en tête. En un sens, c'est une excellente œuvre philosophique. Prenez le temps de le lire.

(Chronique n°128)

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