jeudi 3 juillet 2014

L'or de la terrre (Bernard Clavel)



Deuxième tome de la saga, et je retourne avec un plaisir immense dans cette contrée gelée du nord de l'Amérique, dans le Québec froid et dur, celui qui tue l'hiver. C'est aussi le nord encore vierge, qu'on ne connait que très peu et qui recèle bien des choses en son sein. Et puis c'est la plume de Barjavel, celle qui nous donne envie de lire d'un bout à l'autre sans que l'on ne puisse deviner ce qu'il y aura derrière chaque page. Prenez un ticket, embarquez-vous jusqu'à la mine sur l'île, celle qui rend donne, mais qui peut tout aussi bien prendre.


Résumé en trois mots : Or, Mine et Richesse

Comme cela semble parti, je pense que l'ensemble de la saga sera constituée de tragédies. Enfin ... des tragédies à la Clavel, un auteur qui vous enrobe tout ça tellement finement que vous ne vous ne considérez plus ça comme de la tragédie. Comment en parler exactement ....

Clavel a un style d'écriture complètement prenant, qui vous envoute en peu de temps, vous accrochant aux personnages quand bien même ceux-ci ne sont pas du tout héroïque. Et qui ne vous donne pas envie de lâcher, mettant en place tout les pions d'une tragédie qui va se dérouler petit à petit. Mais, en même temps, cette tragédie n'est que le déroulement de la vie, celle qui prend et donne sans pitié et sans regarder. C'est là peut-être que réside le paradoxe de ses livres. Il nous compte les malheurs, mais sans qu'on ne puisse dire que c'est tragique. La phrase "C'est la vie" n'a jamais pris autant de sens qu'ici, où la vie s'écoule, commence, continue, s'arrête au fil des pages.

Clavel nous compte la quête de l'or dans le sol froid du Québec, dans une mine qui va rapporter, et les hommes qui accomplirent cette quête avec acharnement et opiniâtreté jusqu'au bout. Des gens qui vont aussi changer, pris dans la fièvre de l'or, mais pas de la façon dont on s'y attendrait. Et le roman nous entraine toujours en avant, sans s'arrêter un seul instant. Le temps marche, les choses avancent, et Clavel nous conte tout ça.

C'est d'ailleurs sidérant, mais Clavel partage ce trait avec Neil Gaiman, d'avoir une écriture qui semble être celle d'un conteur, comme s'il venait nous sussurrer à l'oreille les mots qu'il a tapé. C'est d'autant plus impressionnant que lorsque je le lis, j'entends vraiment un personnage me parler dans l'oreille et me raconter tout cela.

Un livre tout aussi bon que le premier, qui nous entraine dans ce nord froid et rude, mais aussi généreux, quand on sait rester prudent. Un livre qui se lit parfaitement bien, qu'on dévore presque et qui donne envie de se plonger dans la suite, de redécouvrir le St-Laurent et les berges de l'Harricanna. C'est une saga qui m'entraine déjà, et dont j'ai envie de connaitre la suite. Que de beauté, que de malheur, dans une fresque historique malheureusement très proche de la vie.

(Chronique n°202)

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