mardi 31 mars 2015

Le bleu est une couleur chaude (Julie Maroh)



Je me suis rendu compte ce soir que je n'avais pas fait de chronique sur cette BD. Ou plutôt, je me suis souvenu que celle que j'avais faites et qui commençait par les mots "Il me faudra beaucoup de courage pour appuyer sur le bouton Publier" a été effacée, victime de ce courage qui m'a fait défaut.

Ce soir, je me rend compte que je ne pouvais pas laisser ce trou dans mes lectures. Quel serait l'intérêt de ce blog si je ne postais pas les lectures qui m'ont marquées, et pas seulement celles que je fais ?
Aussi, je me suis tourné vers le clavier et j'ai retranché ma plume virtuelle pour vous parler de cette oeuvre, tout en annonçant d'ors et déjà que je ne serais pas le moins du monde objectif vis-à-vis de cette BD, et que je ne changerai sans doute jamais d'avis.


Pour vous faire comprendre, cette BD est le plus grand tournant littéraire de ma vie, et je pèse mes mots. La plus forte claque dans la gueule que je ne me suis jamais prises en 20 années de lectures (environ). Aucun autre livre, aucune autre BD ne m'a fait autant d'effet que ce tome-ci. Une lecture tellement puissante que j'en ressens encore aujourd'hui les effets de son onde de choc.

Je me souviens exactement de la journée où je découvris cette BD, et c'est la première fois de ma vie qu'une BD me plongea dans une dépression. Pour une semaine seulement, mais qui continue de me hanter encore maintenant.

Cette BD, ce fut pour moi un choc a tout les niveaux. Le dessin en premier lieu. Ce choix de la colorisation faible, de touches de bleus sporadiquement, ce trait légèrement tremblant, ces têtes, ces décors. Tout m'a plu, tout m'a touché. J'étais dedans sans même m'en rendre compte.
Et puis l'histoire. Belle, simple, touchante, merveilleuse. J'étais transporté sans m'en rendre compte, j'avais plus qu'un film qui défilait, j'étais l'histoire.
Et puis le sentiment. La douceur. Tout ce qui se dégageait de l'oeuvre. J'étais fasciné, bouleversée. C'était si beau, si touchant, si merveilleux. Comme un bloc d'amour pur que j'aurais touché. Mais comme un élément pur, c'était dangereux. Et ça m'a sauté à la figure.

Je ne me suis jamais remis de cette claque. Cette BD me fit comprendre, pour la première fois de ma vie, le pouvoir de cet art. Pour la première fois, je me prenais une défaite face à une BD. J'ai été vaincu, 1-0 au score final. La BD m'avait conquise. Rien ne serait plus pareil. Et ce fut vrai.

Depuis cette BD, je me suis plongé dans ce monde plus profondément que jamais. J'ai aujourd'hui une collection valant plus de 5.000 euros. Et je sais que je suis loin de m'arrêter. Elle m'a ouvert les portes d'un monde, elle me fit comprendre ce qu'était réellement l'art de la bande-dessinée. Avant cela, je n'avais rien compris.

Aujourd'hui, repenser à cette BD me fait frissonner, je ne peux la relire sans être plongé dans un état plutôt sombre mais diablement intense. C'est une drogue que je n'use que rarement, une de ces drogue très forte et très efficace.
Aujourd'hui, je suis encore amoureux de cette BD. Aujourd'hui encore je la considère comme une des plus belles oeuvre qui existe sur Terre et que j'ai eu la chance de contempler dans ma longue vie.

Alors, comment vous en parler sans tomber dans l'excès ? Comment expliquer quelque chose qui m'a bouleversé pour me changer comme jamais ? Comment raconter ce passage douloureux que fut la lecture de cette BD, le changement entre un monde simple de l'enfance au monde puissant de l'adulte ? Comment vous parler de l'amour, de la joie, de la tristesse, de la mélancolie, de la passion, de la vie ?

Comment dire a quel point je peux aimer cette BD ?

En essayant, comme je viens de le faire. Peut-être.

(Chronique n°253)

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