lundi 15 juin 2015

Le siècle (Ken Follet)

5 h 10 du matin, je repose le dernier tome, je viens de le finir d’une traite.



Et ce soir, je viens de le finir, et de conclure la trilogie du siècle.
Cette saga est extraordinaire. J’adorais déjà l’auteur, mais j’ai été subjugué ici par son talent. Un rien transforme l’oeuvre en un chef-d’oeuvre, avec tant de belles choses, de belles histoires, un talent pour nous compter la vie dans l’Histoire, celle qu’on croit connaitre et qui se révèle toujours plus complexe.


1.200 pages, une semaine de lecture étalée, et j’ai décoré les 400 dernières comme un rien.
Il le fallait.
Je lis rarement des séries sur le vif, et souvent j’attends que de nombreux tomes soient sortis pour commencer à lire.
Pas cette fois-ci. Le nom de Ken Follet m’a suffit, et j’ai acheté le premier tome lors de sa sortie, en 2010, sans même me poser de question. Après ma lecture, je me suis rué sur le second tome l’année suivante sans réfléchir plus avant.

Et le troisième tome, sorti en 2014. Mais la situation n’était pas propice, je l’ai gardé pendant près de neuf mois. La gestation humaine, au final.

Je ne saurais que trop vous en dire, et je reconnais beaucoup de défauts à cette oeuvre.

Je peux même en citer immédiatement : des histoires d’amour très -trop- romantique, des hasards parfois trop artificiels, beaucoup de passages à vide, beaucoup de sélections de moments, ….

Mais putain, ce que j’ai aimé. Et cela faisait vraiment un long moment que je n’avais pas eu cette sensation au sortir d’un livre. Cette émotion qui m’a transporté et qui m’a arraché des larmes sans que je le veuille. Car ce livre m’a ému comme rarement.

C’est l’histoire du siècle dernier, de ce fameux XXème siècle, celui de toutes les guerres, et c’est l’histoire de cette trilogie. La première guerre mondiale, la deuxième guerre mondiale, la guerre froide. Mais du point de vue de plusieurs familles, américaines, anglaises, russes, allemandes.

C’est aussi des histoires de familles qui s’entremêlent, des histoire de conflit et de politique, la naissance de nations et d’idéologies, l’apparition de tant de choses que ce ne sera jamais possible de le faire tenir en trois volumes.

Ken Follet a essayé de nous transmettre ce qu’est véritablement ce siècle. Par trois génération successives, trois générations qui bâtissent progressivement le siècle qui m’a vu naitre.

C’est la première fois en lisant un récit de ce genre que je ressens vraiment le déroulement de ce siècle. C’est une histoire tellement proche, et qui parait tellement lointaine pourtant, une histoire qui est celle qui a conduit jusqu’à nous. C’était hier, c’était récent. Dans le dernier tome, les enfants qui naissent sont mes parents. C’était si proche !

Et pourtant, je ressens une telle frustration au sortir de ce troisième tome ! J’aurais tant voulu plus ! Plus sur le Vietnam, sur les années quatre-vingt, sur les années soixante-dix aussi ! J’aurais voulu connaitre la suite, ce qu’il advient ensuite de toutes ces personnes, de leurs vies et de leurs amours, de leurs peurs, de leurs deuils ! Je voudrais ne pas les quitter, moi qui les ai suivi sur plus de 80 ans racontés, 5 ans vécus, plus de 2.000 pages lues ! Et pourtant ce n’est pas assez, j’aurais tant voulu plus.

Mais l’auteur à su s’arrêter. Il a su adapter son rythme, et le temps file, les années prennent de moins en moins de place, le monde devient plus complexe et les gens le traversent sans s’en rendre compte. Lorsque le livre se finit, c’est comme s’arrêter brutalement dans une course qu’on a démarré doucement pour finir sur un sprint. Et là, il faut souffler, s’étirer, et petit à petit revenir à notre présent. C’est douloureux, mais j’ai aimé cette course.

Je m’attendais à quelque chose de grandiose pour le final, j’attendais beaucoup de cette série, et je n’ai pas été déçu. La forme et le fond s’harmonise, les liens se tissent et s’emmêlent, les histoires se font et se défont, tout finit par aboutir au présent, sans trêve ni repos. C’est le genre de livre sans happy end, qui nous demande de prendre tout sans réfléchir. Faites-en ce que vous voulez, tirez-en vos conclusions, l’auteur à dit ce qu’il avait à dire. Et je l’ai entendu.


Une saga dans ce genre, je ne pense pas en lire régulièrement. Si bon, si beau, si puissant, c’est du génie. Ken Follet m’a époustouflé, au point que j’en suis encore sous le choc. Les mots me manqueraient pour vous dire combien j’ai aimé cette saga qui est loin d’être parfaite, qui contient de nombreuses erreurs, des facilités qui arrangent tout le monde, des manque, mais qui m’a pris au tripes et que j’ai suivi avec un intérêt énorme tout au long de ces années. C’est le genre de saga qui me marque, et que j’adore lire. J’en voudrais tellement plus, juste un peu, encore un morceau ….

(Chronique n°283)

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