mardi 31 mars 2015

Le bleu est une couleur chaude (Julie Maroh)



Je me suis rendu compte ce soir que je n'avais pas fait de chronique sur cette BD. Ou plutôt, je me suis souvenu que celle que j'avais faites et qui commençait par les mots "Il me faudra beaucoup de courage pour appuyer sur le bouton Publier" a été effacée, victime de ce courage qui m'a fait défaut.

Ce soir, je me rend compte que je ne pouvais pas laisser ce trou dans mes lectures. Quel serait l'intérêt de ce blog si je ne postais pas les lectures qui m'ont marquées, et pas seulement celles que je fais ?
Aussi, je me suis tourné vers le clavier et j'ai retranché ma plume virtuelle pour vous parler de cette oeuvre, tout en annonçant d'ors et déjà que je ne serais pas le moins du monde objectif vis-à-vis de cette BD, et que je ne changerai sans doute jamais d'avis.


Pour vous faire comprendre, cette BD est le plus grand tournant littéraire de ma vie, et je pèse mes mots. La plus forte claque dans la gueule que je ne me suis jamais prises en 20 années de lectures (environ). Aucun autre livre, aucune autre BD ne m'a fait autant d'effet que ce tome-ci. Une lecture tellement puissante que j'en ressens encore aujourd'hui les effets de son onde de choc.

Je me souviens exactement de la journée où je découvris cette BD, et c'est la première fois de ma vie qu'une BD me plongea dans une dépression. Pour une semaine seulement, mais qui continue de me hanter encore maintenant.

Cette BD, ce fut pour moi un choc a tout les niveaux. Le dessin en premier lieu. Ce choix de la colorisation faible, de touches de bleus sporadiquement, ce trait légèrement tremblant, ces têtes, ces décors. Tout m'a plu, tout m'a touché. J'étais dedans sans même m'en rendre compte.
Et puis l'histoire. Belle, simple, touchante, merveilleuse. J'étais transporté sans m'en rendre compte, j'avais plus qu'un film qui défilait, j'étais l'histoire.
Et puis le sentiment. La douceur. Tout ce qui se dégageait de l'oeuvre. J'étais fasciné, bouleversée. C'était si beau, si touchant, si merveilleux. Comme un bloc d'amour pur que j'aurais touché. Mais comme un élément pur, c'était dangereux. Et ça m'a sauté à la figure.

Je ne me suis jamais remis de cette claque. Cette BD me fit comprendre, pour la première fois de ma vie, le pouvoir de cet art. Pour la première fois, je me prenais une défaite face à une BD. J'ai été vaincu, 1-0 au score final. La BD m'avait conquise. Rien ne serait plus pareil. Et ce fut vrai.

Depuis cette BD, je me suis plongé dans ce monde plus profondément que jamais. J'ai aujourd'hui une collection valant plus de 5.000 euros. Et je sais que je suis loin de m'arrêter. Elle m'a ouvert les portes d'un monde, elle me fit comprendre ce qu'était réellement l'art de la bande-dessinée. Avant cela, je n'avais rien compris.

Aujourd'hui, repenser à cette BD me fait frissonner, je ne peux la relire sans être plongé dans un état plutôt sombre mais diablement intense. C'est une drogue que je n'use que rarement, une de ces drogue très forte et très efficace.
Aujourd'hui, je suis encore amoureux de cette BD. Aujourd'hui encore je la considère comme une des plus belles oeuvre qui existe sur Terre et que j'ai eu la chance de contempler dans ma longue vie.

Alors, comment vous en parler sans tomber dans l'excès ? Comment expliquer quelque chose qui m'a bouleversé pour me changer comme jamais ? Comment raconter ce passage douloureux que fut la lecture de cette BD, le changement entre un monde simple de l'enfance au monde puissant de l'adulte ? Comment vous parler de l'amour, de la joie, de la tristesse, de la mélancolie, de la passion, de la vie ?

Comment dire a quel point je peux aimer cette BD ?

En essayant, comme je viens de le faire. Peut-être.

(Chronique n°253)

dimanche 29 mars 2015

Les enfants du froid (Jack London)

Qui dit fin du mois dit salaire, qui dit salaire en été dit solde, qui dit soldes et livres dit : gros achats (c'est la bonne période même si ce n'est pas soldé. Pour les livres, c'est toujours la bonne période) et c'est ainsi que je me suis retrouvé à acheter quelques Jack London supplémentaire, mais je commence à voir la fin du tunnel et les principaux livres sont bientôt en ma possession. Ne manque plus que les secondaires et j'attaque le rebut. Bref, je me suis laissé aller à lire quelques nouvelles, puis finalement à dévorer tout le livre. C'est du London, alors pourquoi laisser trainer ?


Résumé en trois mots : Indiens, Ruée vers l'or et Homme blanc

Cette fois-ci, toutes les nouvelles auront le même point de vue, ou presque. En effet, Jack London à écrit un recueil du point de vue (ou presque) des indiens d'Amérique du Nord, mais vraiment du Nord. Ceux d'Alaska ou du Canada.

Ce recueil est peut-être un des moins bons de ceux que j'ai lu de Jack London (j'en ai mal d'écrire cette phrase ...), quand bien même certaines nouvelles sont très biens. Mais aucune n'est véritablement excellente, et je n'en ai pas tiré grand chose au final, au point que j'ai du relire le livre pour pouvoir faire cette chronique. Ce sont des histoires parfois sympathiques, souvent peu intéressantes, et j'ai bien l'impression que l'homme blanc y est toujours présenté en supérieur de l'indien, quoique celui-ci est souvent diminué par son quotidien et son environnement. Mais tout de même, on sent parfois un certain propos qui les discrimine (a raison peut-être, je ne sais pas). En tout cas j'ai trouvé ça dérangeant.

Le reste est toujours comme du London, un bon style, une écriture fluide et prenante, des surprises dans la narration. Mais le reste ne suit pas tellement, et c'est dommage. J'aurais aimé trouver quelque chose de plus consistant, on ne m'a servi que des amuses-bouches.

Un livre que je ne recommanderai pas forcément. Avec tout ce que Jack London a écrit, je comprend que tout ne peut pas être bon, mais j'ai été déçu de la tournure que cela prenait. Je n'ai pas eu de vrai coup de coeur pour une nouvelle, et je ne m'en rappelle plus de beaucoup. Un recueil qui m'est passé un peu par-dessus la tête. J'ai trop lu de bons livres de l'auteur pour me contenter maintenant de ça. Dommage.

(Chronique n°252)

vendredi 27 mars 2015

Coulez mes larmes, dit le policier (Philip K. Dick)

Je viens de finir ce livre que j'ai déniché en occasion et que je me suis attaché à lire pour me changer les idées de mauvaises nouvelles qui venaient de tomber. C'était l'avant-dernier livre de l'auteur en ma possession, et j'avais entendu parler de lui de différentes façons, chacune s'accordant sur un côté très important de cette oeuvre au sein de la bibliographie de Philip K. Dick. Cela a bien sur titillé ma curiosité, et je ne me suis pas fait prier pour le lire, ce qui fut fait rapidement avec ces larges périodes horaires dont je dispose actuellement.


Résumé en trois mots : Réalité, Drogue et Célébrité

Un drôle de livre, très dérangeant et assez atypique. Dans l'univers de Philip K. Dick, la réalité est toujours autre, trouble et distordue, mais ici, l'histoire est clair et limpide au final. Tout est expliqué et tout est compréhensible. Pour un lecteur habitué à l'auteur, c'est curieux. Il contient même un postface qui donne la trame que poursuivent les personnages après le roman. J'ai cependant été bien plus surpris par la tournure que prenait ce livre.

L'histoire est celle d'un présentateur télé qui se réveille un jour en étant inconnu du monde entier. Personne ne sait qui il est, nul ne se souvient de lui et même la police ne dispose plus d'un seul fichier le concernant. Alors que le monde est un gigantesque état policier bureaucratique. Donc dangereux pour quiconque se retrouve démuni d'identité du jour au lendemain.
Ce roman est très curieux, en deux parties qui se joignent vers le milieu du livre, mais c'est également un roman où le héros n'est pas clairement identifié. Alors que l'appareil bureaucratique et la pression de la police désigne l'Etat et l'autorité comme "méchant" de l'histoire, je dois avouer que le héros est loin d'être tout blanc et me semble souvent être un fieffé connard. De même, cette police omniprésente dans l'esprit est bien plus relâché et normale qu'on pourrait le penser. Pas de toute puissance qui intervient n'importe comment, seulement des hommes normaux qui font leurs boulots et s'y tiennent.

Ce roman est curieux, enchainement de tableaux et de situations variées, parfois superbes, notamment une scène finale dans une station-service, mais également très sombres, au personnages torturés, psychotiques et parfois aux frontières de la folie. Certains sont totalement normaux et sont rapidement submergés par ce qui leur arrive, mais les autres sont pris dans des filets qui les entrainent toujours plus loin.
Je parle des personnages car c'est eux qui sont centraux, avec leurs interrogations, leurs motivations, leurs vision du monde. Tout est autour d'eux et de leurs rapports, les rapports humains. Entre des humains génétiquement supérieur, des humains déshumanisés. Tout est dérangeant dans ce livre, et la frontière brouillé de la réalité est une fois de plus un élément central.
Mais cette fois-ci, moins d'interrogation sur la "vraie" réalité. Plutôt une conception de l'homme quelque soit la réalité. Qu'importe ce qui est vrai, comment agissons-nous en humain dedans ?


Ce roman comporte bon nombre d'interrogation, et je ne pourrais en tirer l'ensemble. Il me faudra le relire, essayer d'en extraire tout le contenu, et la tâche ne sera pas facile. Rien n'est limpide, rien n'est offert gratuitement. Il faut fouiller pour extraire chaque idée. Mais quelles idées ... C'est confus encore dans ma tête, et j'aime ça.

Un roman qui tranche assez avec ce que j'ai déjà lu de Philip K. Dick. Moins de spontanéité, moins de folie, plus d'introspection. C'est très rentré, les personnages sont au centre d'une oeuvre qui pose de nombreuses questions et dont les réponses ne sont pas clair. C'est a la fois très intense à lire, et curieusement dérangeant. Quelque chose s'en dégage, quelque chose que j'ai du mal à cerner mais qui me fait encore m'interroger sur cette oeuvre décalée. Si je vous la conseille, je peux aussi vous dire que c'est quelque chose de neuf. A lire, pour essayer de comprendre.

(Chronique n°251)

mercredi 25 mars 2015

Janua Vera (Jean-Philippe Jaworski)

J'avais beaucoup entendu parler de cet auteur qui aurait réalisé un coup d'exploit extraordinaire avec son premier recueil de nouvelles avant de pondre un livre qui aurait été une exception dans le paysage de la fantasy française. Cela a titillé ma curiosité et je me suis procuré les deux ouvrages sus-dit du bonhomme avant d'attaquer goulument le premier. Et là, ce fut le choc, tel que je ne l'avais plus ressenti depuis un long moment.


Résumé en trois mots : Guerre, Médiéval et Sombre

Ce recueil est très hétéroclite, conservant toutefois une trame sur l'ensemble au niveau de l'ambiance, ce médiéval fantastique assez sombre mais en même temps développé au travers de nombreux points de vue, les guerriers et la noblesse, les paysans, les religieux. En relisant l'ensemble, c'est toutes les couches de la société médiévale qui sont présentes ici. Et c'est tant mieux !

La raison pour laquelle je qualifierai ce recueil de génial, c'est la haute qualité des nouvelles présentées. Rien ne m'avait préparé à cela, et je suis charmé, aussi bien par la plume de Jaworski, très fluide et très belle, qui met en immersion dès les premiers mots, mais également par l'inventivité dont il fait preuve.

Curieusement, la nouvelle Mauvaise donne qui est ensuite développé dans le roman Gagner la guerre, est celle qui m'a le moins parlé du recueil, tout en restant très bonne. Le recueil comporte 8 nouvelles, et je dirais que plus de la moitié sont sublimes. La première, l'histoire d'un Dieu-roi, est surprenante par son approche et bienvenue, une excellente ouverture du recueil. La deuxième, Mauvaise donne donc, est agréable et plante un décor que j'aimerai bien voir développé. La troisième est peut-être la moins intéressante, une histoire de chevalier, mais bien menée et agréable. 
Et là, le recueil bascule dans les nouvelles fantastiques. Une offrande très précieuse, qui sait jouer du fantastique avec des soldats tout en finesse, très belle nouvelle. Le conte de Suzelle, l'histoire d'une femme paysanne, d'une cruauté et d'une force extraordinaire. J'ai été séduit par cette histoire qui m'a ému, tant on est dans un conte cruel. A mon avis, la meilleur du roman. Jour de guigne, une nouvelle très drôle et rafraichissante après les dernières plus lourde, tout en ayant une bonne petite histoire. Un amour dévorant, nouvelle très sombre et très belle, une histoire de fantômes qui n'effrayent pas.
Et enfin, Le confident, une nouvelle qui présente beaucoup de choses et apporte une conclusion largement ouverte, toute sujette à interprétation.

Ce recueil est en globalité excellent, et certaines nouvelles sont fabuleuses. J'ai été étonné de trouver une telle qualité dans un premier livre, et si l'auteur est à ce niveau dans le reste, je comprend les critiques élogieuses qui découlent. C'est prenant et inventif, et je serais ravi de pouvoir me replonger dans ce monde. La suite très vite donc !


Un monde qui m'a surpris par sa noirceur et son caractère réaliste, mais dans lequel j'aimerai bien pouvoir replonger maintenant que j'y ai pris gout. Un premier recueil qui mérite amplement son succès donc, et que je vous recommande à tous, pour peu que la fantasy vous intéresse. C'est vraiment du haut niveau, et je ne m'attendais pas du tout à quelque chose dans ce style. Sombre, mature, mais aussi drôle et beau, un recueil complet qui vous fera passer un excellent moment. J'ai aimé, je le recommande !

(Chronique n°250)

lundi 23 mars 2015

Acide organique (David Calvo)

Recueil de nouvelles de David Calvo que je me suis décidé à lire suite à plusieurs commentaires élogieux et à une volonté de lire un peu plus de livres de cet auteur atypique qui a su me charmer et conserver mon attention malgré tout ce temps (et le peu de lecture que j'ai fait de lui). Bref, une lecture totalement dirigée par mon coeur et sans aucune idée de ce que ça allait donner. Calvo c'est une roulette très aléatoire. Et j'aime ça, quand c'est des très haut et des très bas.


Résumé en trois mots : Absurde, Moderne et Cynique

Je ne savais pas exactement comment résumer cette OVNI littéraire que nous a pondu encore une fois David Calvo. En onze nouvelles, nous voila transportés dans un univers absurde où le réel est étranger. Un monde à la Calvo, déroutant et pourtant cohérent, avec ce qu'il faut pour qu'on suive en se sentant perdu.

Les nouvelles sont très différentes l'une de l'autre, et si certaines m'ont semblé sublimes et extraordinaires (notamment celle sur Kate Bush) d'autres me sont restés très obscures et fermées. C'est très complexe à aborder, rien ne semble avoir de sens (et c'est peut-être bien le cas) et aucune clé n'est donné pour mieux comprendre le tout. C'est à prendre ou à laisser, mais pour le reste on n'aura rien ici.

Et pourtant, mon dieu que c'est génial. Le style d'écriture, complètement moderne et gavé de références à différentes choses, aussi bien de la sous-culture que des éléments de notre quotidien. Et l'apport de photos, qui ajoutent un je-ne-sais-quoi à l'oeuvre. Sans parler de cette poésie qu'on sent derrière les mots, qui permet parfois de s'approprier un texte complètement obscur.
Alors certes, le fait de ne pas avoir toutes les références parfois nuit au texte, et c'est dommage, car lorsqu'on est entrainé dedans, il y a quelque chose qui se dégage de l'ensemble, à la fois très mélancolique et formidablement beau, un mélange de tout les genres qui nous transporte. Pour peu qu'on accepte de laisser derrière nous la réalité et notre esprit cartésien, on est emmené dans un monde sans structure cohérente mais qui nous envoute littéralement. Et qui contient bien plus qu'on ne saurait le croire.

C'est un ensemble de nouvelles qui parle du monde, de l'enfance, des croyances, d'un peu de tout. On y trouve de la publicité, du jeu vidéo, des rats, des gens perdus, un monde absurde (mais moins que le notre) et autres choses dans ce genre. Un grand ensemble foutraque mais puissant.

Encore une fois, Calvo nous pond quelque chose à l'extrême limite de ce qu'on pourrait lire. C'est toujours déjanté et un peu n'importe comment, mais toujours cohérent dans son imaginaire débordant. C'est très beau et très triste à la fois, un ensemble qui détonne et qui étonne. J'ai été séduit d'un bout à l'autre, même si tout n'est pas égal, et l'ensemble me semble avoir une cohérence globale. Au final, j'ai été séduit une fois de plus, et je commence à apprécier de plus en plus cet écrivain qui ne peut rien nous pondre de classique. Au-delà des formes et des idées, c'est un OVNI contemporain, et qui plus est, un livre a lire.

(Chronique n°249)

samedi 21 mars 2015

La ballade de l'impossible (Haruki Murakami)

J'ai emporté ce livre avec deux autres, dans l'esprit qu'ils me tiennent un mois de vacances complètes. Ah, naïf enfant que je fus ... A peine un trajet en avion, et je me retrouve avec un livre et demi de fini. Heureusement que je pus compter sur les autres qui avaient emmenés force d'ouvrages avec eux. Mais trêve de bavardages, passons à la chronique de cet ouvrage tant de fois recommandé de l'auteur plus que réputé à présent, Haruki Murakami, et sa Ballade de l'impossible.


Résumé en trois mots : Amour, Dépression et Vie

Ce livre m'avait été souvent vantée, et lorsque je dus décider d'un livre pour le voyage, je le pris, suite à la lecture des Amants de Spoutnik, qui m'avait fait grande impression et qui présageait d'excellentes choses. Curieusement, si j'ai retrouvé des styles littéraires et de nombreux thèmes en commun, ces deux romans se différencient totalement et m'ont tout deux plus énormément. Mais celui-ci encore plus que l'autre.

La saveur tout à fait exquise de cet ouvrage vient notamment de la plume de l'auteur, et n'ayons pas peur des mots en disant que c'est du sublime. A la fois lent, très lent, beau et tendre, la plume est également très silencieuse. J'avais déjà parlé, il me semble, de la voix qui sort de certains livres, et dans le cas de Murakami, "j'entends" un livre silencieux, tout comme Soie, qui m'avait déjà fait cet effet ouaté, comme un silence apaisant. Une façon de faire très orientale, mais tellement belle également ...
Ce livre m'a beaucoup touché, par son histoire qui m'a pris aux tripes. C'est simplement un homme qui entend une chanson et repense à sa jeunesse, à ses amours et à ce qu'il se passa alors. J'ai été séduit par la façon dont tout se met en place. Je craignais de retrouver le schéma de Les amants de Spoutnik, mais rien n'est jamais semblable, et l'auteur nous développe quelque chose de neuf, où l'étudiant est pris entre plusieurs personnes, mais sans que l'on ne sache jamais très bien où il se situe. Lorsque j'ai atteint la dernière partie, j'ai senti une pierre me tomber dans les intestins, et pourtant j'ai laissé le livre se finir avec un sentiment d'apaisement que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. C'est dense et lourd à digérer comme pavé, l'histoire prend le temps de se développer, mais j'ai trouvé que c'était bienvenu et je me suis laissé porter sans réfléchir. Le temps d'une ballade impossible avec des amants qui ne le sont pas, j'ai voyagé dans une étrange histoire d'amour.

Le roman est beau, incroyablement beau, mais aussi cruel et parfois très drôle, mais dans l'ensemble il invite au silence et à la sensation plus qu'a la réflexion. Lorsque je l'ai fini, j'étais simplement très calme et je me sentais bien. C'est toujours un drôle d'effet que de ressentir ça juste avec une lecture.

Un roman que je vous recommande sincèrement. Beau et puissant, une ballade mélancolique très simple mais très forte, qui m'a happé dans un autre temps, une autre vie, à vivre l'amour sans qu'il ne puisse s'échapper. Une ballade impossible à vivre, mais que j'ai ressenti pleinement jusque dans mes tripes. Je vous conseille fortement de vous intéresser à cet auteur qui nous pond des livres plus qu'intéressant. Ne laissez pas échapper de tels merveilles.

(Chronique n°248)

jeudi 19 mars 2015

Les amants de Spoutnik (Haruka Murakami)

Le contexte de lecture joue parfois beaucoup plus qu'on ne le pense sur nos lectures, et je pense souvent à certains livres que je relirais un jour, pour leur laisser une deuxième chance, ou pour confirmer un soupçon. Lire le mauvais texte dans la mauvaise période, c'est parfois fatal a un livre qu'on aurait énormément apprécié autrement. Cela dit, parfois, le texte arrive même à nous faire oublier le contexte dans lequel nous le lisons, et ça, c'est puissant. C'est le genre de littérature qui mérite toute notre attention, et tout nos éloges. Ce livre est rangé dans cette catégorie pour moi. Lorsque je l'avais dans les mains, j'étais opprimé par une contrainte de temps et dans une crise qui prenait tout le monde autour de moi. Le moment le moins idéal pour lire, je pense. Et pourtant, j'ai gobé ses 300 petites pages en moins de deux jours, en grappillant du temps à chaque instant disponible. Rien ne m'aurait arrêté, une fois lancé.


Résumé en trois mots : Amour, Îles et Perte

Ce livre est mon premier contact avec cet auteur tant vanté et qui le mérite d'ailleurs amplement, Haruki Murakami. Et je crois bien que c'est ma première rencontre avec un auteur japonais. Une véritable première en somme.
L'histoire est celle d'un jeune homme épris d'une jeune femme, elle-même éprise d'une femme un peu plus âgée. Et les changements que chacun fait pour les autres, pour s'intégrer dans la société. Le jeune homme sait son amour impossible, puisqu'elle en aime un autre. La jeune femme sait son amour impossible, puisque l'objet de son amour est mariée et de dix-sept ans plus âgée. Tout le monde, ici, est seul, et triste. Mais une journée, la jeune fille, en voyage en Grèce avec la femme, qui l'a engagée comme secrétaire, disparait. Et là, commence l'histoire.

Ce livre m'a dérouté. Déjà par son narrateur, personnage important mais pas central, et qui cherche ... je ne sais pas quoi exactement, mais entre autre à retrouver son amie. Et qui est très évanescent mais en même temps omniprésent. Le personnage central, c'est cette jeune fille, Sumire, au centre de tout. Et tout gravite autour d'elle et de son amour, comme un satellite tourne autour d'une planète. Le roman bascule même dans le fantastique à un moment sans que cela ne change l'impression générale dégagée par l'auteur. C'est toujours d'un même tenant, d'un bout à l'autre.

Ce genre de roman, j'y repense encore après et même maintenant, plus de six mois après la lecture, je me rend compte que beaucoup m'avait échappé sur le moment et que je comprends des choses a présent. J'aimerai beaucoup le relire, car je sens qu'il y a quelque chose dedans que je devrais pouvoir retrouver.

Un très bon roman, comme je les aime. Pour une première impression de l'auteur, c'est parfaitement réussi et ça dépasse même mes attentes. J'ai englouti le pavé a vitesse maximale mais j'en ressort ravi. C'est beau et poétique, beaucoup de choses ne sont pas dites, et je me sens capable de plonger encore une fois dans le genre de l'auteur, qui m'intéresse beaucoup a présent. C'est avec grand plaisir que je lirais d'autres ouvrages de lui. Une réussite indéniable.

(Chronique n°247)

mardi 17 mars 2015

Le scaphandre et le papillon (Jean-Dominique Bauby)

Hum, voila une lecture plutôt anecdotique qui aura eu comme seul mérite de m'occuper le temps d'un voyage en train. Oui, je suis en train de remettre en cause le livre très connu d'une personne souffrant d'un LIS, écrit dans des conditions difficiles et plutôt dingue. Mais sans remettre en cause le fond de ce livre, je dois bien avouer que je n'ai pas été particulièrement attentif à ce qu'il proposait. Je vais essayer de vous expliquer le fond du problème.

Résumé en trois mots : LISregard et autobiographie

Le livre est bien sur la vie de cet homme, frappé un jour d'une attaque cérébrale, et qui se retrouve prisonnier de son propre corps, n'ayant plus que son œil droit pour communiquer. Commence pour lui la vie difficile, à devoir communiquer comme il peut, à découvrir ses proches qui s'éloignent, et à passer le temps en revenant sur sa vie antérieur, ainsi que sur certaines digressions philosophique.

Soyons parfaitement franc, ce livre ne m'a pas intéressé. Je ne sais pas pourquoi, mais même si je compatis à la douleur de ce pauvre homme, je n'ai pas eu une seule seconde une identification ou une compassion suffisamment poussé pour me faire rentrer dans ce livre. Sans compter que les différentes explorations philosophiques ne m'ont pas passionnées outre mesure et je me suis rapidement retrouvé à m'ennuyer ferme. Lorsque j'ai refermé ce livre, c'était avec la certitude que je ne l'ouvrirai pas à nouveau pour y chercher quelque chose. Je pense être passé complètement à côté de lui.

Pour faire bien bref, je n'ai rien trouvé de particulièrement intéressant dans le livre. C'est plus la façon dont il a été écrit que je trouve passionnant, mais la lecture ne m'a vraiment pas intéressé, et c'est dommage. Ce n'est pas le genre de livre que je conseillerais, je n'ai vraiment pas aimé.

(Chronique n°246)

dimanche 15 mars 2015

Seul sur Mars (Andy Weir)

J'ai vu une excellente critique de ce livre (mais impossible de retrouver sur quel blog ...*) et je me suis laissé tenter en passant en librairie. Et puis, pour une fois, j'ai vu que je le livre était conseillé par du beau monde, notamment le directeur de la Station Spatiale Internationale (s'il-vous-plait). Plusieurs bonnes raisons, donc, de me précipiter vers cette trouvaille qui me tendait les bras. Et pour une fois, je suis content ... d'avoir lu le livre très peu de temps après son achat (chose qui devient de plus en plus rare). Qui plus est, en un temps très court, mais j'adore ce grand format souple, agréable en main et à l'oeil.


Résumé en trois mots : Mars, Survie et Thriller

C'est du haut niveau que nous avons là ! Un roman qui m'a scotché littéralement dès les premières pages et qui ne m'a lâché que tout à la fin, tout au bout. Et jusqu'au bout j'étais incapable de dire ce qui allait en résulter, même si j'espérais bien.

Ce livre tient vraiment du thriller de science-fiction, un vrai morceau d'anthologie quand on le regarde. Pour un premier livre, l'auteur a tapé plus que juste ! C'est une histoire haletante, maitrisé d'un bout à l'autre, parfaitement menée et qui plus est, scientifiquement très documenté. L'auteur est dit comme passionnée d'astronomie, et je veux bien le croire. Moi, en tout cas, je m'y croyais comme jamais.

C'est l'histoire simple d'un astronaute qui est coincé sur Mars dans une mission qui s'est compliquée. Et le voila à devoir tenter de survivre pendant un long moment. Très long moment.
Ce départ très simple est extrêmement bien développé sur le long terme, avec un personnage principal attachant et a qui il arrive des choses sans cesse pire, bien que ce soit la dure réalité d'un personnage coincé dans l'espace, là où tout est dangereux. C'est une lutte de tout les instants pour la survie, mais également une lutte très longue. Très très longue.

Pour être parfaitement franc, ce livre est un coup de maitre. J'étais happé par le récit comme jamais avec un thriller. C'est le mélange délicieux avec la science-fiction qui ajoute cette couleur extraordinaire. On est suspendu à la lutte de ce pauvre astronaute, tout en ayant de la bonne science-fiction qui est très proche de ce qu'on pourrait attendre avec les connaissances actuelles. Que du réalisme pur et dur, et c'est bien agréable.
D'autre part, la documentation est excellente, tant dans le matériel utilisé (et j'adore la façon dont cela apporte au thriller) que dans la planète Mars elle-même, berceau d'une possible vie, qui se bat ici pour repartir. C'est une évasion complète, tout en gardant toujours cette tension palpable et bienvenue. J'ai adoré la façon dont c'était mené sans temps mort mais avec des périodes de relâchement. L'espace n'est pas un lieu calme et qui permet de vivre en paix, c'est un lieu de tout les dangers. Les nombreuses incursions de science sont agréables et très bien menées pour les néophytes qui comprendront l'essentiel tout en découvrant le travail énorme qu'il peut y avoir à aller dans l'espace.

Ce livre, je l'ai lu comme j'aurais lu un rapport d'une mission martienne. L'ajout de quelques scènes dans la NASA, ou de conférences de presse terrestre renforce l'atmosphère en mettant en lumière tout ce qui peut jouer en défaveur du héros. Et c'est puissant, très puissant.


Sans m'étendre à vous décrire tout le roman, je ne peux que vous conseiller de lire ce livre si tant est que vous vous intéressez un peu à la science-fiction. A la fois thriller angoissant, science-fiction merveilleuse, roman puissant mais sachant garder des touches d'humour, plongé dans Mars et anticipation, ce roman est fort. Pour un premier roman, l'auteur nous a pondu un vrai chef-d'oeuvre et je vous le recommande fortement. Foncez les yeux fermés, c'est extraordinaire.

*J'ai retrouvé, c'est dans cette vidéo de Florence Porcel : Cliquez ici !
  C'est vers 3:05, voila voila !

(Chronique n°245)

vendredi 13 mars 2015

Nouvelles sous ectasy (Frederic Beigbeder)

J'ai eu l'occasion, alors je me suis précipité dessus. Je voulais découvrir ce que c'était que d'avoir un écrivain de renom si ce n'est de talent écrire des nouvelles sous cette drogue fabuleuse qu'est l'ecstasy. Déception première : c'est vraiment super court, et c'est bien dommage. Mais ensuite, je me suis lancé tranquillement dans la lecture et voila ce qui en est globalement ressorti :


Résumé en trois mots : Sexe, Drogue et Dépression

Frédéric Beigbeder me semble avoir des thèmes de prédilection qu'il ne peut que exploiter, tournant souvent en rond dans ses livres (j'en ai un que j'ai commencé voila maintenant plus d'un mois et que je ne parviens pas à finir), mais il se trouve qu'ici une touche de fraicheur bienvenue débarque pour ma plus grande joie.

Je crois que ce qui aide grandement à la lecture, c'est le format très court qui semble convenir à merveille à Beigbeder, alors que le format long peut vite devenir lassant avec lui. Ici, les nouvelles sont très courte, percutantes et pleines de ses habitudes. On y retrouve, pèle-mêle, l'humour douteux et bienvenu, la drogue et l'amour, le sexe omniprésent, les relations entre hommes et femmes. Et par dessus le tout, un mal de vivre latent qui semble transpirer dans une nouvelle sur deux. C'est chronique chez cet écrivain.

De façon simple, j'ai beaucoup aimé ce recueil, de par la brièveté de son écriture et la force qui s'en dégage. C'est clair et concis, précis et drôle, comme je les aime. J'aurais presque voulu un peu plus de nouvelles, mais l'auteur s'est vraiment limité pour le coup et c'est tant pis pour nous. Mais je ne boude pas mon plaisir (juste les prix ...), donc bon, ça passe.

Un livre qui semblerait me réconcilier un poil avec cet auteur, puisque j'ai beaucoup aimé et il me semble que l'auteur a bien réussi son coup cette fois. Simple et efficace, l'ensemble des nouvelles sont très bonnes et j'ai vraiment aimé ma lecture. Moins inoubliable que son L'amour dure trois ans, il reste un bon petit livre pour se distraire une bonne demi-heure. Lecture conseillée.

(Chronique n°244)

mercredi 11 mars 2015

Parole d'homme (Jack London)

Autre livre qui se retrouva dans ma main sans que je ne le remarque vraiment. Et puis, un Jack London de plus ne peut jamais faire de mal, non ? Surtout qu'il ne m'en reste plus que deux autres à lire, alors autant en prendre un nouveau. Sauf que je l'ai finalement lu en très peu de temps, sans vraiment prendre le temps de savourer les six ou septs nouvelles du recueil, mais en même temps c'est tellement bon qu'on en reprendrait bien encore un petit morceau.


Résumé en trois mots : Froid, Yukon et Indiens

Encore une fois, London prend pour cadre ce grand nord qu'il n'aura visité qu'une seule année dans sa vie, mais qui l'aura inspiré pour plusieurs dizaines de livres. Ici encore les nouvelles vont nous présenter toutes ces gueules du grand nord, entre indiens éloignés de la civilisations, hommes rudes et durs, tricheurs et voleurs, mais aussi des hommes au bon cœur, ou simplement malchanceux. Tout ce monde qui se croise et s'entrecroise sur les terres gelées du grand nord ...

Voila un très bon recueil de nouvelles ! Celles-ci ont ce fameux suspense qui se dénoue dans le dernier paragraphe, laissant à chaque fois la nouvelle se conclure de façon plus ou moins tragique, sans que le bonheur ne soit jamais vraiment présent. Entre celle qui donne son nom au recueil (une merveille de tragédie simple), celle qui s'intitule Mille douzaine d'oeufs (une pure merveille d'acharnement), l'histoire d'un chien horrible et de son maitre qui ne l'est pas moins ...
Le talent de Jack London se manifeste encore une fois dans sa capacité phénoménale à se réinventer. Les histoires ne ressemblent à rien de ce que j'avais déjà lu, et j'ai encore une fois été émerveillé, à la fois par son talent de narrateur, d'inventeur, mais également son talent à croquer les hommes sous toutes leurs formes. Et toujours à me propulser dans le grand nord en quelques lignes, là où le froid règne en maitre absolu.

Je retiendrais seulement une critique, que je ne sais toujours pas formuler exactement : la façon dont Jack London décrit les femmes et les indiens. Après de nombreuses lectures, je dirais que le point de vue dessus est franchement ambiguë. Je ne sais trop comment le prendre, et ça me déroute un peu. Du coup, je laisse passer pour me concentrer sur le reste.

Un excellent recueil de nouvelles, encore une fois, et si toutes ne sont pas égales, sur les sept du recueil, au moins quatre sont vraiment excellentes, ce qui m'incite fortement à vous le conseiller, car c'est d'un niveau toujours élevé et l'auteur ne cesse de m'émerveiller. Jack London est sans conteste un des plus grands auteurs américains d'aventure, mais je pense même qu'il se classe dans la catégorie des meilleurs auteurs tout court, et sa littérature prolifique n'a pas fini de me dévoiler tout ses charmes. Lisez-en, c'est si bon mais comment résister ?

(Chronique n°243)

lundi 9 mars 2015

Neige (Maxence Fermine)

C'est un très petit livre, que j'ai surtout lu parce qu'il était ajouté dans les listes des livres acheté sur Amazon. En gros, quand on voit un livre sur Amazon (ouh, pas bien ce site, allez en librairie !) (nan, je déconne, c'est idéal pour pouvoir trouver des BD en occasions vraiment pas chères), le site propose des livres également acheté par les usagers qui ont regardé ce livre. Et en cherchant Neige (de Orhan Pamuk) je suis tombé sur celui-ci, qui semblait plus connu et plus lu. Je me suis laissé tenter vu le prix, et au final le livre est vraiment minuscule, moins d'une centaine de pages et des chapitres vraiment très court. Vraiment très très court. Bon, l'énorme avantage, c'est que c'est très vite lu, et ça, c'est agréable quand la PAL menace de nous engloutir sous elle chaque soir (je place la pile à côté du lit pour me motiver). 100 gr d'envolé donc !


Résumé en trois mots : Neige, Amour et Contemplation

Un livre très court, donc, qui m'a rappelé d'ailleurs Soie par certains côté, même si je dois avouer que ce livre est un cran en dessous, et nettement d'ailleurs. Ce qui ne m'a pas empêché de l'apprécier d'ailleurs.

C'est un livre très court, très rapidement lu, mais qui se paye en plus le luxe de prendre son temps. C'est assez lent, contemplatif, introspectif. Une lecture qui prend le temps de voir la neige tomber, de penser à la vie et à l'amour, à la mort et à la beauté. C'est une histoire très linéaire, très simple et un peu facile, mais qui se lit sereinement et avec grand plaisir.
En fait, je crois que la grande force de ce roman vient de son style d'écriture, volontairement très proche de la poésie et du fameux haïku qui traverse les pages, tout comme le héros, cherchant sa forme définitive et contemplant la neige.

Ce n'est de loin pas un mauvais roman, soyons clair, mais je crois que ce roman est un peu trop juste. L'histoire est très bien, mais trop courte, un peu trop facile, un peu trop prétexte a des digressions poétiques. C'est dommage d'avoir autant de poésie et pas plus de fond, ce qui l'aurait rendu largement plus intéressante. Et l'idée n'est pas mauvaise en soi, mais là encore j'ai trouvé que c'était dommage de laisser une telle idée aussi peu creusé. Le style me semble très beau, mais creux. Et ça, c'est dommage.

Ne nous trompons pas, je suis loin de vous déconseiller ce livre, mais je lui ai trouvé quelques défauts qui n'ont rien gâché à ma lecture mais qui ont terni la pensée que je me suis faite ensuite autour de celui-ci. Et ça, c'est dommage. Car le livre est beau, poétique, mais au final je me suis rendu compte que j'y avais trouvé peu d'intérêt, et c'est dommage. Je vous conseille tout de même de lire un coup, en passant, c'est très rapide et très beau, alors je ne peux pas vous priver de ce plaisir.

(Chronique n°242)

samedi 7 mars 2015

Les terres englouties (Marcus Sedgwick)

A l'issue d'une pièce, j'ai reçu ce petit livre de la part d'un ami, pour symboliser la fin d'une longue période de travail. Le livre a tranquillement dormi dans mes étagères durant six mois et je viens de profiter d'un séjour chez mes parents pour le lire d'une traite une après-midi. Je ne supportais plus son regard lourd de reproches du haut des étagères. Et puis, pour changer un peu de la SFFF, ça m'a fait du bien de retomber dans un livre simple, pour les jeunes.


Résumé en trois mots : Fillette, Ile et Mer

C'est amusant, mais j'ai retrouvé des détails de Sunk, avec l'île et la mer. Est-ce l'île qui s'enfonce ou la mer qui monte ? La réalité ne change pas, mais la question se pose. Enfin, la comparaison s'arrête là, contrairement à son gros frère, Les terres englouties est très pragmatique.

L'histoire est sympathique pour un livre jeunesse, avec une jeune fille qui est coincé sur son île, ses parents ayant pu partir mais sans elle, avec une population qui devient progressivement plus chaotique alors que l'eau monte encore et toujours et que la place se réduit. Le village qu'ils habitent n'est plus à l'abri, et il faut rejoindre des terres plus hautes, plus loin, vers l'ouest.
C'est agréable comme récit, bien que j'ai trouvé l'ensemble un peu léger, même si je reconnais que c'est un récit plus pour les jeunes que pour des adultes. L'ensemble est construit sur une trame simple mais l'héroïne est attachante et plusieurs points intéressants ponctuent le récit, notamment lorsque les enfants prennent le pouvoir sur une île, dans la violence, ou encore la lucidité de certains personnages tout en conservant une part de cruauté. L'auteur à su aussi éviter l'écueil mortel du manichéen en rajoutant des petites profondeurs aux personnages.
Après, la fin souffre un peu de son happy end dans la joie et la bonne humeur et certains raccourcis scénaristiques sont grossiers, à mon regard, mais je ne crache pas sur l'ensemble qui reste de bonne facture et vaut largement pour une personne jeune ado ou pour un enfant.

En terme de littérature jeunesse, c'est loin d'être mauvais et je pense que ça vaut le coup de l'offrir à quelqu'un de 8-12 ans que vous connaitriez, car l'histoire est loin d'être inintéressante et contient de nombreux bon points. Mais pour moi, c'est quelque chose qui m'est déjà un peu loin, je note trop de détails qui me font tiquer et c'est là que je constate que la littérature jeunesse a du mal à m'atteindre à présent. Je ne regrette pas ma lecture, mais je resterais sur une littérature plus adulte dans mes prochains romans, c'est certain.

(Chronique n°241)

jeudi 5 mars 2015

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (Jonas Jonasson)

Je ne voulais pas spécialement le lire, mais deux personnes m'en parlaient en bien et une amie à finalement fait une lecture du même auteur et je me suis laissé tenter à le prendre et le commencer, histoire de me faire mon propre avis sur la question. Et puis, un auteur suédois qui semble écrire comme un auteur finlandais, ça ne semble pas mauvais, surtout quand il fait dans l'humour très noir. Le résultat c'est que je l'ai fini en deux jours et que j'en suis bien content.


Résumé en trois mots : Humour, XXème et Vie

Le roman est vraiment très bon et m'a surpris dans le bon sens du terme. Régulièrement je trouve dommage que des romans qui s'orientent clairement vers l'humour connaissent un moment de faiblesse quand ce n'est pas carrément un moment qui n'est tout simplement pas drôle, pour finir assez souvent en queue de poisson. L'humour est une chose trop sérieuse pour la confier à des rigolos.

Et ici, et bien c'est magnifiquement fait, je dois l'avouer, puisque j'ai gardé le sourire jusqu'au bout et que j'eux encore quelques éclats de rire jusqu'au bout, ou presque. L'auteur a su innover et faire preuve d'imagination sans cesse renouvelée. Et ça, c'est agréable à lire.

En peu de mots, l'histoire est simplement celle d'un petit vieux qui ne veux pas fêter son anniversaire dans sa maison de retraite et qui s'évade donc simplement. Mais c'est également toute l'histoire de sa vie avant qu'il n'arrive dans sa maison de retraite perdu. Une histoire qui sillonne le monde et le vingtième siècle, avec tout ce qu'on peut imaginer de personnalité sur le parcours.

Ce livre a l'avantage de ne pas chercher le moins du monde à tomber dans le réalisme et explose tout les cadres conventionnels d'un héros et de son épopée. Ici rien n'est normale et le héros cherche juste, la plupart du temps, à picoler un verre, à manger comme un roi et ne pas entendre parler de politique. D'autre part, ce héros très peu bavard (enfin, qui ne parle pas tellement dans le livre) est presque un anti-héros par certains côtés, mais il reste un personnage haut en couleur qu'on adore suivre. Moteur de l'action mais également de l'humour.
Ce livre se lit comme une petite douceur au milieu d'autres styles. Une bonne aventure pleine d'humour et de références, qu'on déguste tranquillement tandis que le personnage nous fait parcourir le monde et les époques, sans jamais se calmer. C'est jouissif et agréable à lire d'un bout à l'autre.

Pour une fois, je suis d'accord avec un best-seller d'humour, et croyez bien que c'est assez rare chez moi, mais ce livre tape juste et bien, avec un humour excellent qui perdure tout le long d'une intrigue foisonnante d'inventivité. Un bon roman, qui m'a beaucoup plu et qui m'a agréablement surpris. J'ai hate de retrouver un roman humoristique de ce niveau là. Je vous le recommande hautement, pour passer un agréable moment.

(Chronique n°240)

mardi 3 mars 2015

Les quatre vies du saule (Shan Sa)

Je l'ai vu, j'ai craqué et je n'ai pas pu résister non plus à sa lecture rapide (presque immédiate d'ailleurs). Un Shan Sa. C'est comme une mignardise, une douceur, une sucrerie après un repas trop lourd. C'est une bouffée d'air frais, une oxygénation de tout le cerveau par son style et sa fraicheur. Je me suis laissé tenter à rentrer dans l'orient encore une fois, et je crois que j'ai bien fait au final. Et encore une fois, c'est tellement vite lu ...


Résumé en trois mots : Histoire, Amour et Chine

Shan Sa est décidément une conteuse de la Chine. Chacune de ses histoires nous raconte la Chine, celle historique et antique, celle rêvée et réelle, celle vécue et celle fantasmé. C'est également une vraie conteuse de l'écrit car j'ai rarement vu quelqu'un qui avait, autant qu'elle, une voix de conte dans son écriture.
Lire du Shan Sa, c'est clairement dépaysant. C'est l'orient qu'elle nous raconte, encore une fois, la Chine éternelle mais aussi celle de Mao et de la révolution culturelle. Une Chine en plusieurs teintes.

Ce livre est vraiment déroutant et je ne sais pas comment le prendre. L'histoire est découpée en quatre grande partie et je trouvais ça curieux, car j'ai eu du mal à saisir l'articulation entre les différentes parties. Même si je comprenais (enfin, je pense) la façon dont se retrouve les personnages principaux, je ne suis pas certain d'avoir compris toutes les tournures d'histoire et les liens qui les unissent au travers des différentes époques.
Cette histoire est celle d'un homme et d'une femme au travers de plusieurs époques, d'un couple qui se cherche sans qu'on ne sache très bien pourquoi et comment, ni quels sont leurs liens et leurs volontés. C'est très ambiguë et très sombre.
Mais ce que j'ai adoré, c'est la façon dont les personnages traversent les époques et marquent le contraste entre la Chine médiévale et celle de Mao ou de la révolution culturelle, la façon dont tout cela change le pays. Je m'intéresse de plus en plus à l'histoire chinoise, et je dois bien dire que c'est prenant comme roman à ce niveau là.

Je confesse que si le style est toujours aussi bon et souvent très poétique ou évocateur (le premier chapitre est un régal de concision et de clarté) j'ai ressenti une légère faiblesse dans les chapitres, souvent au début. Un léger coup de mou avant de repartir d'attaque et de m'entrainer pour ne plus me lâcher jusqu'au final. Qui dénote sur l'ensemble et conclue d'une façon très ouverte.

Un drôle de roman, que je ne conseillerai pas spécialement à la lecture si vous n'avez pas lu de Shan Sa auparavant, où si vous ne vous intéressez que très peu à la Chine. C'est un roman qui entraine et qui demande de se laisser porter par son style très étonnant. Une histoire déroutante et que je ne suis pas sur d'avoir tout à fait compris, mais qu'importe. C'est pour la beauté du texte et l'envoutement qui s'en dégage que je l'ai lu, et j'y ai trouvé mon compte. La poésie et la cruauté se partagent le terrain, mais c'est toujours magnifique. Bref, j'ai bien aimé.

(Chronique n°239)

dimanche 1 mars 2015

Morwenna (Jo Walton)

Ca faisait plusieurs critiques élogieuses que j'avais lu sur ce roman, et j'avais même vu qu'un challenge en était sorti au final. Avouez qu'il y a de quoi piquer la curiosité de toute personne normalement constituée dans le milieu de la littérature. Je me tarais donc, et le voir en rayon d'occasion m'a fait craquer, je me suis décidé et je l'ai lu dans la foulée de L'océan au bout du chemin, pour un motif parfaitement abstrait : je voulais lire à nouveau un livre en grand format et pas seulement des livres de poches. Bref, il m'est passé très vite dans les mains, et avec les transports en communs il en est sorti bien vite également.


Résumé en trois mots : Science-fiction, Littérature et Enfance

Un drôle de livre, que je pourrais difficilement classer dans la catégorie de ceux que je n'ai pas aimé tout en ayant du mal à dire que je l'ai apprécié. C'est un entre-deux plutôt difficile à décrire que celui où je place ce roman.

L'histoire m'a surpris par son angle d'approche. C'est l'histoire d'une petite fille dont la soeur jumelle est morte et qui part vivre dans un pensionnat où son père l'envoie. Elle voit des fées et lit de la science-fiction, tout en ayant une mère qui lui en veux, qui lui en veux terriblement.
Cette histoire est très originale dans sa façon de mêler les genres. Alors qu'elle est purement de fantasy, elle contient beaucoup de science-fiction. Dans la littérature, puisque la jeune fille est une grande consommatrice de science-fiction, elle lit plus d'un livre par jour (ah, il y a de quoi fantasmer, je l'avoue).

Cette histoire est curieusement très différente de ce à quoi on pourrait s'attendre, puisqu'elle mélange allègrement tout les thèmes en permanence sans jamais s'arrêter sur un seul. A la fois récit d'une fille avec son père, d'une adolescente dans un lycée privé, d'une fervente lectrice, d'une fille voyant des fées et touchant à la magie, d'une jeune fille découvrant l'amour. Un peu tout à la fois, mais sans jamais s'arrêter vraiment sur un sujet. C'est une force qui fait qu'on ne peut pas s'ennuyer sur un sujet, mais à la fois qui frustre un peu puisqu'aucun ne sera véritablement développé au final.

Et c'est là où le bat blesse pour moi : j'ai du attendre la fin pour comprendre quelle histoire l'auteur essayait vraiment de me raconter. Je ne comprenais pas avant cela où il essayait exactement de nous entrainer, et les possibilités étaient nombreuses de développement subsidiaires. Au final l'histoire est complète et bien développé, mais j'ai été frustré de toutes les possibilités qui ne sont pas exploités et du fait que beaucoup est perdu dans le fil de l'histoire pour arriver jusqu'à la fin. Je ne crache pas sur tout le développement que cela apporte à l'héroïne (personnage très intéressant au final) mais qui m'a brouillé l'histoire principale, que j'avoue avoir clairement perdue de vue à un instant.
Pour le reste, le style est bon quoique pas spécialement notable, c'est plaisant à lire mais je ne lui ai pas trouvé un charme indéniable. Peut-être est-ce du à la traduction, mais je ne lui ai pas noté une qualité indéniable.


En bref, c'est un roman qui n'est pas déplaisant et qui ne m'a pas déplu, c'est certain, mais je ne l'ai pas apprécié autant que je l'aurais voulu. Il manque quelque chose pour que ça me plaise complètement, et je n'arrive pas à mettre exactement le doigt dessus. C'est une légère frustration que j'ai ressenti à la fin de ma lecture, mais au final c'est une lecture que je ne juge pas indispensable ni inoubliable. Je l'ai lu et je ne le regrette pas, mais je vais maintenant passer à autre chose sans trop de scrupules. Dommage pour moi.

(Chronique n°238)